[MUSIQUE] Je m'appelle Paule Guérin. Je suis concept designer chez Interface à Paris. Aujourd'hui, chez Interface, j'accompagne les architectes dans l'utilisation de nos produits en proposant des associations de couleurs, de textures, de matières, en fonction de leurs besoins. Interface est le leader de la moquette en dalles. On représente 40 % du marché en valeur mondialement, avec 1 milliard de dollars de chiffre d'affaires par an. On est 3 500 personnes dans le monde sur six sites de production qui desservent leur marché régional. Interface est née en 1974. L'entreprise a été fondée par Ray Anderson qui était ingénieur, qui travaillait déjà dans le secteur de la moquette. Et il était assez passionné d'innovations. Il avait identifié à l'époque l'opportunité de développer de la moquette en dalles, c'est-à-dire modulaire. En 94, un client lui a demandé ce que l'entreprise faisait pour l'environnement. Il avait envie de répondre d'une manière authentique et il a regardé ce qu'ils faisaient il n'avait rien d'autre à répondre que le fait qu'ils respectaient la loi. À partir de là, il a commencé par la lecture d'un livre de Paul Hawken, The Ecology of Commerce, et ça lui a vraiment fait un choc et lui a fait réaliser que la moquette était un cycle court d'utilisation du pétrole, du berceau à la tombe, extrêmement rapide, et que tout finissait en décharge. Il a trouvé que c'était un non-sens complet, et il a eu tout de suite l'envie et la conviction que ce serait plus intelligent de trouver des alternatives pour ne pas polluer la planète en continuant à faire ce business de moquettes. À partir de ce constat, la première chose qu'il a faite pour lancer son entreprise dans cette quête d'une solution plus écologique, ça a été d'impliquer tout le board de l'entreprise, la direction, et puis ensuite de regrouper autour d'eux ce qu'ils ont appelé une éco dream team, puisque à l'époque il n'y avait pas de conseiller en développement durable. Ils sont allés chercher directement des chercheurs en biologie et en biomimétique à qui ils ont demandé de les conseiller. Ils ont aussi fait un bilan environnemental de l'impact de l'entreprise. Et puis, la première opération concrète qu'ils ont mise en place s'est appelée Quest. C'était un programme de diminution des déchets à tous les niveaux de l'entreprise. Ce qui est assez remarquable c'est qu'ils ont été chercher les gens dans tous les postes de l'entreprise. Ils ont mis en place un système aussi de récompense pour toutes les personnes qui trouvaient des solutions de réduction de déchets à leur échelle, à leur poste et ils ont partagé les meilleures pratiques. C'était déjà une entreprise internationale à l'époque, et donc ils ont partagé les meilleures pratiques dans toutes leurs usines dans le monde entier. Cette démarche Quest a permis d'économiser la moitié des coûts engendrés par les déchets au sein des usines. Et de manière plus large, au niveau des six usines et du recyclage des moquettes en fin de vie, on a réussi depuis 95 à épargner 136 000 tonnes de mise en décharge de moquettes. On a des résultats extrêmement concrets depuis 95. Au niveau des gaz à effet de serre on est à moins 96 % dans les usines, ce qui est lié à 50 % à l'optimisation des process, et pour le reste, on a 90 % d'énergie d'origine renouvelable. Du coup, les 4 % de gaz à effet de serre qui restent sont entièrement compensés dans des programmes certifiés, ce qui fait qu'aujourd'hui on est sur du zéro carbone garanti sur l'ensemble de notre production. On a diminué nos consommations d'eau de dix fois au niveau des usines. Et au niveau des matériaux, on est à 54 % de matériaux d'origine biosourcée ou recyclée et on a diminué notre mise en décharge de 92 %. Toute cette première étape, ça s'appelait Mission Zéro et ça a été achevé l'année dernière. Et aujourd'hui, notre projet pour les 20 prochaines années, notre objectif c'est Climate Take Back. C'est carrément l'idée que l'entreprise peut avoir une mission restaurative, à la fois sur les environnements naturels et sur le climat, et donc avoir un impact positif sur son environnement. Moi, ce qui me marque dans notre entreprise c'est à quel point chacun est imprégné de cette culture environnementale, et à quel point on arrive à des résultats extraordinaires par les différents fronts sur lesquels on a travaillé, avec des résultats qui sont bien au-delà de ce qu'on pourrait espérer obtenir par une démarche quand on la démarre, où parfois on va être sur des objectifs de réduction par deux ou par quatre des déchets. Et là, on voit qu'on arrive parfois à des réduction de 90 %, 95 %. Et donc, je pense que ça vaut le coup d'y aller, surtout qu'on est sur un périmètre qui n'est pas une entreprise de niche qui serait uniquement sur un marché éco, mais sur une entreprise qui se base sur le marché, avec des concurrents qui n'ont pas forcément la même profondeur de démarche. Les résultats obtenus par l'entreprise me donnent vraiment l'impression qu'on peut y arriver dans l'avenir, on peut parvenir à un monde durable. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [AUDIO_VIDE]