Bonjour. Bienvenue au MOOC : Restructuration des quartiers précaires des villes africaines. Notre leçon d'aujourd'hui est consacrée aux ressemblances et aux dissemblances des quartiers précaires des villes africaines. Dans les précédentes leçons, nous avons insisté sur les ressemblances de ces quartiers. Ils se ressemblent tous, en effet, au regard des critères officiels définis par l'ONU en 2002, à savoir l'accès à l'eau potable, aux équipements, aux infrastructures, l'examen des conditions de logement, et la densité d'occupation des habitations. Mais, lorsqu'on regarde de plus près, surtout lorsqu'on analyse les processus historiques de formation, les localisations, ainsi que les profils des populations, il arrive parfois que chaque quartier précaire se créé une identité et s'autonomise par rapport aux autres. C'est ce que je vous propose d'examiner à travers ce plan en 3 points, qui nous amènera à examiner, dans un premier temps, les processus de formation, dans un second temps, les localisations, et dans un troisième temps, le profil des habitants. L'installation d'un quartier précaire intervient souvent en 2 phases. La première phase correspond à la phase d'installation, c'est-à-dire d'accaparement des terrains par les populations nouvellement venues. C'est souvent au cours d'une seconde phase que la consolidation du quartier s'effectue, sur le plan de l'édification des constructions, et sur le plan de l'organisation de la vie par les populations elles-mêmes. Les processus de formation sont spécifiques à chaque quartier précaire. En effet, leur naissance et leur évolution correspondent souvent à une phase particulière de l'évolution de la ville qui les accueille. Il est parfois même possible d'établir un lien direct entre une évolution politique, économique, ou sociale du pays, voire l'actualité internationale lorsqu'on s'intéresse aux dénominations, aux appellations de ces quartiers, comme par exemple ceux de Kandahar, ou de Kosovo, à Nouakchott. En termes de localisation, et contrairement aux idées reçues, l'installation d'un quartier précaire correspond souvent à une lecture fine dans l'organisation de la structuration de différentes compositions de la ville. C'est pourquoi on les retrouve souvent dans les environs immédiats des bassins d'emploi, dans les espaces périphériques libres, ou alors les interstices encore non utilisés à l'intérieur des structures de la ville. En tout état de cause, ils occuperont toujours les plus mauvais terrains, comme les terrains marécageux, les terrains en pente, ou les terrains inondables, à Douala, à Abidjan ou à Yaoundé, ou alors des terrains sableux, à Nouakchott. D'autres risques liés à l'environnement et aux conditions sanitaires menacent l'existence de ces quartiers précaires. Cela est lié à l'entassement, à la promiscuité, mais également à l'inexistence de services de ramassage d'ordures, ou d'évacuation des eaux usées, qui exposent les populations, et parmi elles les plus jeunes, aux maladies respiratoires et aux maladies diarrhéiques. Les populations des quartiers précaires des villes africaines sont celles qui accumulent le plus de handicaps. Mais, à l'heure actuelle, en l'état actuel des connaissances, il est difficile d'établir des comparaisons entre plusieurs villes, du fait de la fiabilité des données qui existent, mais également des divergences dans les méthodes utilisées pour collecter les informations liées à ces quartiers. En tout état de cause, ce sont des quartiers qui concentrent majoritairement des populations de jeunes adultes, et on peut considérer aujourd'hui que les quartiers précaires des villes africaines concentrent de l'ordre de 50 à 60 pour 100 de jeunes adultes, à l'image de ce que représentent ces populations dans la totalité du pays. Ce qui caractérise ces populations, c'est d'abord un faible niveau de scolarisation. Beaucoup d'entre eux n'ont tout simplement pas fréquenté l'école, ou pas suffisamment pour leur donner des aptitudes à suivre une formation qualifiante dans le but de s'insérer professionnellement. La conséquence du faible niveau de scolarisation est un faible niveau de formation. Cela signifie que, dans ce quartier, le chômage est élevé, et cela est synonyme d'ennui et de désoeuvrement. Ceux des actifs qui arrivent à s'insérer professionnellement le font généralement dans le secteur informel. C'est ce secteur qui supplée, en effet, aux carences et aux insuffisances des structures formelles d'emploi. C'est lui qui procure l'essentiel du travail aux populations des quartiers, généralement dans de petites structures familiales, du secteur artisanal ou du secteur des services. Voilà, nous sommes arrivés au terme de cette courte vidéo. Et comme je le disais tantôt, les quartiers précaires se ressemblent en plusieurs points, mais ils peuvent également se différencier suivant les points que nous venons d'examiner, à savoir leur processus de formation, la localisation qu'ils ont choisie, ou alors le profil de ses habitants. Cependant, à l'heure actuelle, il existe peu de données qui nous permettent de confronter les différentes situations à travers l'Afrique. Mais ce qui est sûr, c'est que, de Djibouti à Dakar, en passant par Lomé, Abidjan ou Cotonou, ce sont les mêmes raisons qui poussent des hommes et des femmes à venir s'installer dans ces lieux, et à accepter des conditions difficiles de vie. [AUDIO_VIDE]