[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans nos repères historiques, nous sommes donc autour du tournant années 1990-2000. Et Anthony Bateman et Peter Fonagy sont en train de conceptualiser un traitement basé sur la mentalisation pour les individus souffrant de trouble de la personnalité borderline. Les premières études commencent à être publiées et des manuels d'utilisation de cette thérapie commencent à voir le jour. Donc, ce que j'aimerais faire avec vous c'est, dans un premier temps, regarder ensemble les différentes composantes d'un traitement basé sur la mentalisation qui a été validé scientifiquement. Donc, le traitement proposé par Peter Fonagy et Anthony Bateman a trois étapes. Il y a l'évaluation, la TBM-I, qui est une forme d'introduction psycho éducative et enfin la TBM elle-même qui est la thérapie qui combine un élément groupal et un élément de thérapie individuelle. Donc, qu'est-ce que la thérapie basée sur la mentalisation? Un élément que vous pouvez déjà probablement repérer c'est que c'est une thérapie qui est focalisée sur les états mentaux. Ça ne vous surprendra pas. Maintenant, les deux autres caractéristiques que j'aimerais souligner sont les suivantes. D'abord, c'est une thérapie qui est structurée, c'est-à-dire que comme vous l'avez vu, il y a trois étapes très claires, et au sein de ces étapes-là, il y a aussi une forme, une structure à suivre. Et enfin, c'est une thérapie limitée dans le temps. Les thérapies validées scientifiquement pour trouble de la personnalité borderline sont d'une durée de 18 mois. Donc, si on revient à notre diapositive, l'évaluation dans les premières semaines va faire l'état effectivement des états mentaux en souffrance, des différentes plaintes, problèmes et demandes de l'individu qui vient consulter. Ensuite, on proposera la TBM introduction qui sont en fait des séances de psycho-éducation, 12 séances au total, donc 12 semaines où l'individu se retrouve en groupe et qu'est-ce que cette personne fait? Essentiellement, elle va suivre un cursus très similaire à ce qu'on a présenté dans ce MOOC, à savoir comprendre qu'est-ce que la mentalisation, comprendre quel est le lien entre la mentalisation, le développement, l'expression des émotions, et comprendre, communiquer et collaborer pour qu'on puisse développer un langage commun au travers de cette psycho-éducation et que le modèle de la thérapie mais aussi le modèle de compréhension de la souffrance, pourquoi on croit que cette personne souffre, pour que ça soit lisible et clair pour la personne qui vient pour un traitement basé sur la mentalisation. Et ensuite, il y a une quinzaine de mois comme ça de thérapie basée sur la mentalisation où une fois par semaine il y aura une séance individuelle et une fois par semaine il y aura une séance de groupe. Donc, ce traitement structuré est le traitement qui a été étudié scientifiquement, qui a fait l'objet de plusieurs études avec des groupes de patients différents et qui récemment a fait l'objet d'une revue de la littérature de toutes les études qui ont été faites au sujet du traitement basé sur la mentalisation et de ses effets avec des individus qui ont un trouble de la personnalité borderline. Donc, je vais me baser sur cette revue de la littérature Cochrane qui est parue en 2020 pour regarder avec vous quels sont les effets de la thérapie basée sur la mentalisation tels que validés par les études empiriques. Donc, ici sur cette diapositive, on a en rouge toutes les variables, les symptômes qui ont été étudiés à la fin du traitement, qui ont été étudiés des fois six mois, douze mois et au-delà de la période du traitement pour voir si d'abord à la fin du traitement il y a un effet et puis si ensuite cet effet-là tient dans le temps. Et ce qui est intéressant de savoir c'est que les thérapies basées sur la mentalisation sont en fait les seules thérapies qui ont des données qui vont au-delà des 12 mois post-traitement pour le trouble de la personnalité borderline. Donc, regardons ensemble qu'est-ce que ça fait un traitement basé sur la mentalisation lorsqu'on souffre d'un trouble de la personnalité borderline. D'abord, au niveau de tous les symptômes qui sont constitutifs du diagnostic, il n'y a pas un effet à la fin du traitement. Cet effet-là, on va seulement le voir 12 mois après le traitement et au-delà. Ensuite, si on regarde tout ce qui est blessures auto-infligées, de quoi on parle ici, de scarifications en particulier ou de comportements auto-dommageables. Ici, on a un effet, on a un effet à la fin du traitement et aussi à 6 mois, à 12 mois et bien au-delà. Donc, on a quelque chose qui apparaît déjà dans le traitement et qui va perdurer au-delà. Ensuite, je vais prendre deux résultats qui touchent la sphère des relations interpersonnelles et du fonctionnement psychosocial, c'est-à-dire le fonctionnement au travail, dans la société. Et qu'est-ce qu'on voit ici? On voit qu'à la fin du traitement, on a au niveau des relations interpersonnelles et aussi au niveau du fonctionnement au travail, dans la vie personnelle, dans le monde social en général, on a un effet à la fin du traitement. Malheureusement, on n'a pas de données au-delà de la fin du traitement. Donc là ici, on a vraiment besoin d'autres études longitudinales. Enfin, les incidences liées à des événements comme des tentatives de suicide, ça c'est un des points disons de travail central dans une thérapie basée sur la mentalisation, à la fin du traitement et au-delà des 12 mois post-traitement, on a un effet de réduction significative de ce type de problématique au niveau des symptômes dépressifs aussi. On a un effet à la fin du traitement et puis au suivi à 6 mois et à 12 mois. Donc, qu'est-ce qu'on peut dire dans l'ensemble? On peut dire que cette nouvelle proposition thérapeutique qui est apparue à la fin des années 90 a fait l'objet de nombreuses recherches qui ont validé leur effet et aussi sur leur supériorité au traitement typique psychothérapeutique. Donc, on a ici une thérapie qui en se focalisant sur les états mentaux, sur la capacité à mentaliser, augmentait cette capacité à mentaliser. Dans le milieu familial, professionnel, personnel, cette thérapie va avoir des effets bénéfiques et ceci a été démontré. Et donc, si on récapitule, on a vu l'utilisation graduellement plus importante du mot mentalisation et en particulier, dans les années 90, la création de ce traitement structuré des thérapies basées sur la mentalisation, et puis on a vu comment ce traitement structuré a donné lieu à des recherches et effectivement à des effets absolument positifs. Maintenant, on va s'intéresser encore plus précisément aux ingrédients et en particulier à la posture du thérapeute en thérapie basée sur la mentalisation et on va commencer dans cette fin de leçon par une interview avec le professeur Patrick [INCONNU] sur un concept, celui de la confiance épistémique. [MUSIQUE]